jeudi 8 octobre 2009

st vincent,bonus


cet album de la vie de st Vincent de Paul que je viens de finir est censé s'adresser aux enfants de 5 à 7 ans.J'ai plutôt l'habitude de dessiner pour les 8-10 ans et en voyant les images,ça me paraît évident! L'éditeur s'en ai bien rendu compte lui aussi car il trouvait les illus trop sombre .
J'ai essayé de me rattraper en éclaircissant les couleurs et en rajoutant des ciels bien bleus où je pouvais.Voici une version destinée aux plus petits...j'espère que Fleurus ne me demandera pas de tout redessiner dans ce style!

4 commentaires:

Vasco a dit…

Rho, ce n'est pas très charitable !
(pour l'éditeur je veux dire, car pour le pauvre bougre un petit coup ne peut que lui redonner des couleurs...;-)

Cette histoire d'âge du lectorat est à mon avis très relative. Les enfants sont autant capables de se plonger dans des documentaires très fouillés que de prendre du plaisir dans des choses considérées pour plus petits qu'eux.
À mon avis la réponse est une question de choix éditorial.
Le traité que tu avais adopté pour "David et Goliath" est sans doute plus conforme à ce que l'on veut faire lire à des 5 ans, mais avec celui que tu as choisi pour "St Vincent" on gagne en réalisme et en authenticité historique.
C'est un choix...

le chef de gare a dit…

Salut les régionaux de l'étape,

Déjà, il faut bien que je commence comme d'habitude par dire à quel point je trouve une fois de plus cette série magnifique, les compositions, la stylisation des formes, les harmonies colorées, l'expressivité simple, par dessus tout, de ces images.

Pour le reste... Ce sujet de tranches d'âges du lectorat, découpées chirurgicalement par des D.A vachement cools, bien pédagogues et tellement au courant de tenants et aboutissant de l'enfance- pensez, ils ont certes été des enfants, mais surtout comme le nutella ils ont au moins 30 d'expérience- comme chez Bayard qui va nous vendre du petit ours brun jusqu'à la fin des temps..., ce sujet,donc, m'interpelle et m'horripile tout à la fois- imaginez un peu la complexité du sentiment, je suis déjà en nage.

Comme tous les éditeurs, les éditeurs jeunesse ont un public, ce public ce sont des parents achèteurs. Ce que les enfants ont envie de regarder, ils s'en foutent bien, et on voit toujours chez Bayard, encore, combien la route de l'édification, si elle a été de moins en moins semée de petites crèches en carton prédécoupées,est tout de même toujours tracée entre l'obsession d'éduquer et le cerveau vierge de l'enfant, sur lequel ne doit s'inscrire que l'image validée par le pédagogue.

Imagine toi une seule seconde, à froid, en train de dire à ton fils ou ta fille qu'il n'est pas question que tu lui achètes ce livre parce que les ciels y sont trop gris... Et ce sont ces mêmes éditeurs qui garnissent par ailleurs leur catalogue de "livre d'art pour enfant"- pensez, si les petits chéris ne distinguaient pas un Rembrandt d'un Dubuffet quand ils voudront entrer dans une école d'art ! Et pourquoi ne pas eclaircir un peu les ssi déprimants de Delacroix, dans ces cas là ?

Tes images plairont à des enfants de 5 ans, de 3 ans, de 70 ans si ils ont envie de les regarder. Et ceux de 3 à 5 ans, je peux te dire que St Vincent, ils s'en foutent pas mal.

D'ailleurs- désolé pour ce long message- j'avais exactement le même genre de réaction et de goût que toi quand j'étais petit, Etienne, c'est marrant.

Je raconte un peu ma vie, mais la branche maternelle de la famille est d'origine russe et Bilibine,,c'était une sorte d'institution sacrée à la maison. Un peu le "Hansi" local. Nous avions cette fameuse série de s russes, en édition originale, et je me souviens que beaucoup de ce que j'ai aimé après par exemple chez Frazetta, (j'avoue tout ce soir... ) venait de l'observation fascinée de Bilibine: le goût pour la pose théatrale, les compositions élaborées, les lumière très dramatiques. Et je détestais les images stylisées, le dessin jeté. j'avais horreur des images en apparence simple, parce qu'elle me renvoyaient à mon statut d'enfant, et que comme tous les enfants, rien ne me faisait plus envie que de devenir un adulte. J'avais donc aussi en horreur les histoires dont les enfants étaient des héros, pour les même raisons. Contre Quentin Blake Et André François, j'adorais Pierre Joubert et les peintures sur les boites de "maitres de l'univers". Et si depuis j'ai appris à regarder Quentin Blake, je n'ai pas tout à fait perdu le goût pour les princes en collants.

Je plains les enfants de ton éditeur, et leur souhaite bien du courage.

à plus !
Pierre.

Vasco a dit…

Pareil que vous deux !
J'ai également apprécié assez tardivement le dessin "lâché" des Blake et consorts.
Ceci dit, il se peut que les regards changent et aussi les modes de lecture des enfants, et puis faut pas oublier que le texte est souvent ce qui peut faire aimer l'image qui l'accompagne (comme on lit beaucoup plus aux petits ils acquièrent certainement assez vite une capacité d'abstraction qui nous est, à nous trois, un peu étrangère on dirait).
J'ai l'impression que le "beau dessin" fonctionne en circuit clos ; parfait pour le non-lecteur contemplatif ; et qu'à contrario le dessin "lâché" est plus dépendant du texte et qu'il prendra de la vie, du sens et de la valeur après la lecture .
Ce n'est certainement pas systématique, mais dans ma petite tête d'enfant et sous mes yeux de futur illustrateur c'est un peu ainsi que ça a fonctionné j'ai l'impression.
Mais pour revenir à ta série d'images, je suis prêt à parier qu'une bonne majorité des gamins auront tendance à préférer les plus "dramatiques" justement, et c'est là que le positionnement éditorial de l'éditeur appose son orientation en les souhaitant évidemment moins sombres.
Moralisation oblige !

le chef de gare a dit…

tu as raison Vasco. Je suis certain qu'à 4/5ans, dejà, j'aurai préféré l'image avec des spadassins tirant l'épée, et le ciel bien chargé...

Je crois que notre débat relève typiquement d'un culture française de l'image pour enfants. Regardons ce qu'on publie pour les enfants au Japon, par exemple...

Hormis l'histoire du rapport au texte, je crois que le dessin d'un Blake, d'un Tony Ross, d'un Steadman s'apprécié aussi plus tard, quand on a une certaine exérience de dessinateur, qu'on est capable de voir un geste derrière un trait, un geste sûr, celui de trouver le trait juste.

A plus !